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En ces temps d'extrême incertitude où tout évolue très vite, prendre des décisions est une occupation récurrente : chacun doit s'adapter en permanence

Savoir décider

En ces temps d’extrême incertitude où tout évolue très vite, prendre des décisions est une occupation récurrente : chacun doit s’adapter en permanence. Or décider n’est pas chose facile. C’est s’obliger à trancher, c’est accepter de s’engager dans une voie nouvelle, cela peut même aboutir à une rupture.

Bien sûr, il y a l’option – mais est-elle plus « confortable » ? – de ne pas décider. C’est aussi un choix. C’est prendre le parti de l’immobilisme, et peut-être ressentir un sentiment de paralysie tétanisante. De plus, ne pas décider, c’est subir le choix des autres.

On le voit, prendre une décision n’est pas toujours simple. Observons plus précisément ce processus de décision.

Décisions simples ou importantes : elles ne dépendent pas de l’enjeu

Notons d’abord que notre quotidien est forgé par des décisions que nous qualifierions d’anodines : décider de prendre le bus plutôt que le métro, de sortir au cinéma plutôt que de rester chez soi, de ne pas reprendre de gâteau pour surveiller sa ligne… Elles nous semblent donc faciles à prendre.

Mais des décisions moins anodines peuvent également être prises de façon « simple ». Acheter un appartement et s’endetter sur des décennies, impactant le reste de sa vie, est un choix souvent fait « naturellement » et avec enthousiasme.

Sentiment et raisonnement : deux piliers de la décision

Des études montrent que deux options s’allient pour décider : ressentir et raisonner. On comprend aisément ces deux possibilités : l’enthousiasme ou la crainte peuvent nous aider à choisir, quand la raison nous conforte ou compromet ce choix.

Ces mêmes études font apparaître que le sentiment prend très souvent le pas sur la raison : nous sommes des êtres de sentiments.

C’est d’abord vrai dans le processus même de décision : le sentiment intervient d’abord, puis les critères raisonnables.

Illustrons ce point. Considérons un entretien d’embauche : c’est le syndrome de « la première impression ». Lorsque nous recevons un candidat, il y a immédiatement un jugement qui s’effectue sur son apparence, sa façon d’être. Le feeling passe, ou pas. Puis intervient la raison : la formation du candidat, ses expériences… qui viennent influer sur cette première impression.

Les critères de choix sont donc d’abord subjectifs, basés sur les sentiments, puis objectifs, basés sur la raison.
Mais le sentiment prime aussi sur le raisonnement car sans émotion, nous ne décidons plus. Des études effectuées sur des patients qui ne peuvent plus ressentir de sentiments (à la suite d’un traumatisme, d’une opération…) montrent qu’ils sont tout à fait capables d’analyser ce qu’ils doivent faire, et pourquoi. Mais ils sont incapables de passer à l’acte et de décider. La raison ne sert à rien sans l’émotion.

La prépondérance de l’environnement

Outre raison et sentiments, les circonstances sont également un pilier de l’acte de décision. Il s’agit même de l’aspect qui prime sur les deux autres.

Une illustration en sont des études effectuées sur des procès : des prévenus ont beaucoup plus de chances d’être libérés si leur procès intervient en début de journée ou après la pause déjeuner. De plus, devant une journée d’affaires qui se succèdent et un processus de décision répétitif, les juges ont tendance à entrer dans une routine qui s’abstrait de la raison et du sentiment : ils optent plus aisément pour la solution la plus simple (en l’occurrence le maintien en détention). Les détenus dont le procès intervient en fin de journée ont du souci à se faire…

 

En conclusion et pour aller plus loin

La raison voudrait que l’on s’abstraie des sentiments et de notre environnement pour prendre des décisions les plus logiques possibles. Nous devrions prendre ces décisions en nous basant uniquement sur des critères objectifs, sur les faits. Pourtant notre appréciation de ces faits et le cadre dans lequel nous évoluons priment, et la raison est l’option qui entre le moins en ligne de compte.

Ce constat fait, nous pouvons tenter de corriger notre prise de décision.

 

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