L’unité fait la force… mais le conformisme affaiblit la performance.…

Relativiser, un acte mental stratégique
Situation vécue : un collaborateur sort d’une réunion difficile. Il s’est beaucoup investi, le retour a été abrupt, et sa réaction est vive : frustration, doute, perte de confiance.
Autour de lui, les intentions sont bonnes : on cherche à l’apaiser, à dédramatiser. On lui suggère de “prendre du recul”, de “relativiser”. Mais lorsqu’on est en plein ressenti, ces mots glissent ou irritent.
Relativiser n’est pas une consigne : c’est la capacité à remettre un évènement à sa juste place, sans minimiser son engagement ni distordre la réalité.
Cette capacité est tout sauf évidente. Elle peut être affaiblie par la fatigue, par un fort attachement à ce qu’on fait, par une exigence personnelle élevée.
Elle est biaisée par notre propre cerveau, qui donne naturellement plus de poids au négatif qu’au reste.
Et parfois, elle entre en conflit avec la loyauté : “si je prends de la distance, est-ce que je ne trahis pas ce qui m’importe vraiment ?”
Relativiser demande un cadre, une structure, un espace mental. Or dans le feu de l’action, rares sont ceux qui parviennent à les créer seuls. C’est là que le regard extérieur devient précieux.
Dans le quotidien professionnel, c’est souvent le manager qui peut offrir cette disponibilité cognitive. Non pas en formulant, avec sollicitude, l’injonction de prendre du recul, mais en facilitant activement une perception juste, régulée, mobilisable.
Voici quatre leviers concrets pour y parvenir.
1. Stabiliser l’attention
“On va prendre quelques minutes, pour poser les choses.”
Offrir un cadre calme apaise la tension émotionnelle et aide à retrouver une pensée plus claire.
2. Réactiver une réussite passée
“Souviens-toi de la façon dont tu as géré (la situation X) : qu’est-ce que tu avais mobilisé ?”
Faire appel à une mémoire de succès renforce la confiance et recentre l’attention sur les ressources disponibles.
3. Rompre la boucle mentale par un signal physique
“Tu veux marcher un peu ?” ou “On va prendre un café ?”
Un micro-changement d’environnement aide le cerveau à sortir de la rumination et à retrouver de la flexibilité.
Une activité créative, centrée sur autre chose, peut aussi ouvrir un nouvel angle de vue et relancer la dynamique mentale.
4. Aider à formuler ce qui reste important
“Qu’aimerais-tu retenir de cette situation, pour que ça t’aide par la suite ?”
Cette question simple permet de transformer un moment difficile en point d’appui. Elle remet la personne en position d’acteur, sans minimiser ce qu’elle ressent.
Conclusion
Relativiser n’est pas fuir.
C’est remettre un événement à sa juste place pour pouvoir avancer.
Et cela devient possible lorsque le manager accompagne avec justesse, au bon moment.
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